Fabienne et le trail de Brocéliande

 

 

 

 

Fabienne nous fait le récit de son trail de Brocéliande.

Défi : TRAIL COURT DE BROCELIANDE , dimanche 2 septembre, 35km .

 

Vous allez tout savoir, j’ai bien dit tout. Bon, ce petit compte-rendu n’a rien de très technique, mais il a pour but de partager avec vous ces quelques instants de plaisirs que j’ai eu à courir.

Pour commencer, je sors de 11 semaines d’entraînement réfléchi. Pour moi qui n’avais pas encore dépassé les 16 km de courses, il me fallait apprendre à durer dans le temps. Maître Yoda m’apporta ainsi un entraînement qui allait me faire muscler mon cœur. J’ai commencé à souffrir en courant doucement…non, en piétinant quasiment, je ne devais pas dépasser 140 bpm. La tâche s’avérait difficile moi qui était toujours à fond quand même le dimanche pour certains c’était sortie détente ! Ca m’a énervé (oui, je m’énerve, mais c’est intérieur), je n’évacuais pas le stress comme d’habitude, en plus, comble de tout, j’arrivais de ces 1ères séances pas du tout fatiguée ! Mais à quoi cela allait-il me mener ? J’acceptais alors d’apporter toute ma confiance au maître vénéré Yoda, car il voulait que son élève (jeune padawan, comme il aimait m’appeler) réussisse et se fasse plaisir. Je m’exécutais…

Maître Yoda me programma une préparation sous forme de tableau de 4 séances par semaine. En bonne élève que je suis, j’appliquai le programme scrupuleusement à la lettre. J’y notais aussi mes impressions. J’ai eu quelques journées de défaillance quand même : quand il faisait chaud et quand j’ai ressenti une certaine fatigue à l’approche de mes vacances. Sinon, j’ai découvert le plaisir de courir parfois dès 7h du matin parce que c’était le seul créneau qui me restait sur mon emploi du temps. J’étais très assidue !

J’ai ainsi appris à gérer mon corps : pas de menthe à l’eau pendant les efforts, ne pas me goinfrer avant un entraînement, la fatigue de la journée qui disparaissait après être allée courir, les vitamines et les minéraux qui s’en allaient lors de mes efforts… et je devenais accroc ! A l’approche du grand jour, j’ai senti un grand doute m’envahir : allais-je être à la hauteur ? N’avais-je pas trop présumé de mes forces ? Bouleversement total la veille du trail : j’étais devenue sereine, une certaine ivresse (et c’était très particulier comme sensation) prenait le dessus, je vivais chaque instant intensément car c’était un grand défit pour moi que j’allais relever le lendemain , tout devenait sensationnel.

The D-DAY !

No stress! Je pars à la bourre comme d’hab’ mais sereine. Mais que m’arrivait-il ? Arrivée à Trémelin, j’aperçois un 1er elfe. Plus j’approchais plus il prenait taille humaine. Ce n’était que Marc ! J’allais être prise en charge par le grand Marc. J’étais dans les temps. Dossard, affichage sauvage (mais avant autorisation ! :D ) des affiches de la ROTTE DES GOBIONS. Merci à Jérôme qui nous proposa sa voiture à côté de son stand pour l’affichage. On se prépare, je demande à Marc, venu là pour me coacher, si on était dans les temps. Oui, pas de soucis, me répondait-il. Il est quelle heure alors je lui demande. Lui de me répondre qu’il ne savait pas, il n’avait pas de montre ! On demande alors à quelqu’un sur le parking : il nous reste 5 minutes avant le départ ! Tu parles d’un coach ! Dans quelle galère m’étais-je embarquée ?

Ligne de départ . D’autres elfes, qu’on appelle Gobions , s’étaient donnés rendez-vous. Petites bises pour me donner du courage : Sébastien, Frédéric, Ludo, puis sur le côté Armelle et Cathy. « Pan » départ ! J’appuis sur ma montre : le blanc complet, elle vient de me lâcher ! Super :/ , elle qui m’a suivie pendant plus de 2 mois a décidé de me laisser seule. Non, il y avait Marc… toujours sans montre, enfin! Nous partons et nous nous faisons doubler. Je ne veux pas trop m’emballer au début comme me l’a conseillé maître Yoda. Je freinais alors les ardeurs de Marc. Il me rassura ensuite en me disant de ne pas m’inquiéter, que certains partis trop vite allaient le payer et que nous allions les dépasser plus loin… bon, en fait, beaucoup, beaucoup, beaucoup plus loin ! J’ai géré la soif avant qu’elle ne m’envahisse, et la faim avant qu’elle ne me fasse défaillir. J’avais décidé de boire une gorgée toutes les 10min environ, sans montre ça devenait plus chaud. Je ne savais plus non plus quelle heure il était, ni même si j’étais dernière ou pas. Et bien, profitons de cette douce ballade et tapons causette ! Avec Marc, facile ! Quand soudain, je n’en croyais pas mes yeux : nous rattrapions 2 gobions autour du lac. Je me suis même fait le plaisir de les dépasser : ça c’était bon ! En fait, les frères Argentais étaient là en dilettantes, juste pour faire une sortie longue. Ils m’ont fait le plaisir de m’accompagner sur quelques kilomètres. J’apprenais alors que nous étions à un peu plus de 10km/h, car eux avaient une montre ! Ma foi, c’était une bonne moyenne pour durer.

J’entamais le parcours du 16 km que je connaissais pour l’avoir fait il y a 2 ans. Et bien, par nostalgie très certainement je ne tardai pas à me payer le privilège d’une petite chute. Mais je me suis royalement réceptionnée, l’habitude aidant. Et ce fût la seule… Par contre, à maintes reprises, j’ai bien cru que Marc, peu attentif car toujours en train de parler, allait se vautrer ! Mais il n’en fût rien. Les 20 premiers kilomètres étaient plus faciles techniquement mais beaucoup plus monotones que les 15 derniers. Ils sont alors devenus longs et donc fatigants! Je me rappelais en effet ce que m’avaient bien dit Hervé et Vincent : que les plus difficiles étaient les 20 premiers km.

Ca y est 3ème partie du parcours. J’ai a-do-ré ! Ca montait, ça descendait, ça grimpait, ça marchait, … pendant que certains me dépassaient dans les descentes, moi de peur de chuter et devoir arrêter là, je gérais chaque pas. Je pense là avoir perdu du temps, alors que je prenais conscience qu’avec mes chaussures de trail toutes neuves je pouvais m’assurer de bonnes descentes. Mais ce jour je voulais être raisonnable et ne pas être casse cou ! Puis, je commençais à sentir fortement les jambes fatiguer . Quelqu’un devant se mit à chuter. Il ne se relevait pas. Je ne sais par quel miracle je retrouvais des forces pour courir à grandes enjambées voir comment ça allait. Il se relevait surpris de sa chute. Nous reprenions alors la cadence précédente Marc et moi, et c’était l’occasion d’entamer un autre sujet de discussion… lesquels n’ont pas manqués pendant ces 4h22’ . Mes jambes donc devenaient lourdes, brûlaient dans les montées, c’était mystérieusement bon ! Je posai mes mains alors sur mes cuisses. Ouah ! Mamamia ! Que j’ai les cuisses fermes ! Je découvrais des muscles dont un se gonflait sur les côtés externes. Un rien me surprenait. Tout ici était beau ! Merci aux parents de maître Yoda venus nous acclamer sur le parcours juste avant la descente au 2ème ravitaillement à la Chambre aux Loups. Je commençais à avoir une drôle de dégaine. Je me ressaisissais alors. Puis grosse, non, énoOrme montée… escalade ! Marc préféra accomplir son rôle de protecteur et décida d’assurer mes arrières… « Non, Marc, je peux me débrouiller toute seule ! » Puis il y a eu le stand bière. Une petite lampée ne m’aurait pas fait de mal. Ma démarche devenait plus qu’incertaine, je courais en canard, ce qui nous a valu un petit fou rire par ailleurs. Enfin, traversée de champs, j’apprenais ce qu’étaient des terriers de blaireaux. Puis soudain j’entendis : « les voilà ! » Oui, apparemment nous étions repérés car nous parlions ! Au détour d’un chemin, appareil photo à la main, maître Yoda , princesse Laila et la petite famille m’avaient fait l’honneur de se déplacer. Mon dieu que ça fait du bien de voir des gens connus. Le temps se faisait long. Encouragements et échanges de sensations me redonnaient du baume au cœur. Merci, merci !

Depuis combien de temps courions-nous ? Et s’il était 15 heures ? Et si l’arche et le podium étaient démontés ? Je n’avais aucun repère de temps. Nous n’étions que 2. Etions-nous les derniers ? Il fallait finir coûte que coûte. J’avais terriblement mal aux cuisses sur les 5 derniers km. Chaque pas tombant à terre raisonnait dans les muscles des cuisses, et encore plus intensément quand la piste devenait plus descendante. J’arrêtais de courir quand trop de racines jalonnaient le parcours. J’avais mal dans les jambes mais pas dans ma tête. A aucun instant l’envie d’abandonner ne m’avait effleuré l’esprit. Et puis, un son. On s’approchait du speaker. Alleluia, sincèrement, il était encore là ! On approchait du but. Et puis, on se mit à apercevoir des voitures, c’était le parking. Je décidais d’abandonner ma démarche en canard, de bomber le torse et d’arriver digne devant tout ce monde. Oui, quelques mètres avant je ne ressemblais à rien ! Delphine était là et m’encourageait. Ca faisait du bien, c’était très fort. Je passais la ligne d’arrivée dans les temps que je m’étais fixé, sans montre, grâce au soutien verbal de Marc, et aussi fraîche que possible.

Etrange sensation une fois la course finie : qu’allai-je désormais faire ? C’était fini !

 

 

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Commentaires: 13
  • #1

    Loïc (lundi, 17 septembre 2012 13:32)

    "qu’allai-je désormais faire ?": bah, c'est simple; ya plus qu'à recommencer!!!
    Félicitations jeune Padawan... et je pense que j'étais plus stressé que toi ;o)

  • #2

    Jeune Padawan (lundi, 17 septembre 2012 13:51)

    Non, maitre, toi stressé? Sans doute parce que j'étais accompagné d'un vrai moulin à paroles qui pouvait me faire défaillir, je ne vois que ça!
    Recommencer? Avec plaisir. C'est sympa ces petites ballades dominicales... :/

  • #3

    marc (lundi, 17 septembre 2012 15:05)

    jesuis heureux que tu es garde quelques secrets je suis fierde toi a la prochaine course

  • #4

    Karen (lundi, 17 septembre 2012 15:23)

    Encore bravo Fabienne,cela donne envie!!!!!
    Merci d'avoir partagé ce bon moment avec nous.

  • #5

    Fabienne (lundi, 17 septembre 2012 20:36)

    Si je te suis bien Karen, l'année prochaine on le fait toutes les 2? Super, c'est tellement beau à faire.

  • #6

    chevalier noir (confrérie des chevaliers gobionnards) (lundi, 17 septembre 2012 22:20)

    C'est quoi les "secrets" dont parle Marc ? Bravo Guenièvre et merci de nous avoir expliqué comment tu étais entrée, aidée du chevalier sans peur et sans reproche (si ce n'est de ne pas avoir l'heure) et par Merlin foredi(fournisseur de remèdes diaboliques à intéret sportif non dopants), dans la légende de BROCELIANDE. Il y a bien longtemps que pareil récit ne nous était CONTE et, à mémoire humaine (donc la faille est possible), il s'agit d'une première CONTE-sse* (* mot inventé qui désigne une femme qui nous conte son histoire), peut-être était-ce là une épée de Damoclès. Vive Guenièvre, vive la contesse et vive les chevaliers gobionnards !

  • #7

    Fabienne (mardi, 18 septembre 2012 10:39)

    "chevalier noir"... :/ Tu ne serais pas parent avec Sir Perceval? C'est du genre : " De toutes façons, les réunions de la Table Ronde c’est deux fois par mois. Donc, si le mec il dit après-demain à partir de dans deux jours, suivant s’il le dit à la fin du mois, ça reporte. " Non? Alors faut arrêté le dopant. Mais je pense savoir que tu vas en avoir besoin prochainement. ;D

  • #8

    Anne-Marie (mercredi, 19 septembre 2012 21:14)

    Bravo Fabienne, sans montre en plus ! J'adore ce passage :"je demande à Marc, venu là pour me coacher, si on était dans les temps. Oui, pas de soucis, me répondait-il." Ha les mecs ! Merci, ce fût un plaisir de te lire.

  • #9

    Fabienne (jeudi, 20 septembre 2012 12:29)

    Contente de t'avoir fait sourire. Quel bout en train Marc!

  • #10

    McFly (jeudi, 20 septembre 2012 18:39)

    En hippologie, le boute-en-train (on dit aussi « agaceur » ou « souffleur ») est un cheval entier se trouvant dans les haras où on l'utilise en le plaçant à proximité des juments afin de vérifier si elles sont en chaleur et les disposer à l'accouplement qui se fera avec un autre étalon sélectionné.

    No comment!!!!

  • #11

    Fabienne (jeudi, 20 septembre 2012 22:00)

    Ca m'apprendra à me précipiter. Enfin, ce "boute-en-train" est un beau parleur qui en a accompagné plus d'une, dont ta poulette Mr McFly... maintenant plus personne va vouloir m'accompagner maintenant! :/

  • #12

    Muriel (vendredi, 21 septembre 2012 10:37)

    Bravo Fabienne, Beau récit, ces sympa de te lire
    Merci

  • #13

    Fabienne (vendredi, 21 septembre 2012 15:24)

    Dans ce récit, pas de prouesses techniques, juste montrer que sur 35 km on peut se faire plaisir. Il faut que je vois un jour ce que ça peut donner sur 50...