Après le récit de Mike, voici celui de Mika.

Duel de Mickaëls au sommet.

Le voyage a J-1:  on s'est levé très tôt mais au moins on assure la remise des dossard l'après midi. Le voyage était très agréable, mêlant les doutes, reconnaissances virtuelles, rires et convivialité. Weekend plutôt bien lancé, "on va la bouffer cette montagne". le plus dure dans le voyage était de faire parler Mike et de faire comprendre a Magounette en arrivant au camping, qu'elle ne pouvait pas dormir avec Gaetan et moi dans le même chambre ......l'altitude donne toujours de l'appétit (je rigole). Mike décide avec Guena qu'il ferait que la moitié de la course mais vu son niveau et son petit sourire en coin, je garde mon petit rêve de partager cette belle journée entièrement avec lui. Pour Gaëtan, j'ai vite compris qu'il aura le temps de mettre les bières au frais voir les boire que moi je serai encore entrain de suer dans ces belles montagnes. En même temps vu le prix des courses, plus tu passes du temps en course et plus c'est rentable, non?

La course: départ 5h, le stress de l'avant course va vite laissé place à l'émotion, l'excitation, le tout dans un cadre magique entremêlé de l'odeur des flambeaux qui ornaient notre chemin et l'arnica tant prisé par certains coureurs... Mike près de moi, on échange des premières sensations sur le bord du lac. Il démonte son sac qui lâche de tous les cotés, il semble ne pas être stressé comme moi mais son sac lui commence à se défiler...heureusement il le répare la course peut enfin démarrer. Cela commence par un montée de 15 km avec 1500 m de D+. Je perd rapidement Mike et décide vue le nombre de personnes de le retrouver en haut dans les cieux...Arrivée en haut vers 8h magnifique (vue sur le Mont Blanc) mais frais ce qui n'empêche pas Mike de montrer sa virilité au sommet afin de revêtir sa tenue de Killian Jornet de Romillé. J'ai alors compris que le bonhomme, il n'était pas venu pour rigoler. Je l'ai vu dès la descente après le ravito, il descendait un chouia trop rapide pour moi qui avait encore le frein à main que tu as du mal a desserrer sur les grandes distances.

Deuxième ascension, au col de la Cochette (33km) on décide de freiner pour assurer. Je la connais (même si je te l'accorde Mike, mes souvenirs peuvent être parfois faussés), je m'attend a une grosse pente, de la boue et les sensations ne sont pas encore super. Une impression d'avoir de moins bonnes sensations que l'année précédente, j'en fait part à Mike qui me rassure et j'ai vaguement l'impression qu'il est bien mieux que moi. Malgré ca pour éviter le faux rythme, je décide de monter à une bonne vitesse; super ascension digne de la montagne couronnée par la présence de Guena dans un virage qui nous booste l'esprit puis une petite crête qui nous permet de revoir le lac. Belle descente rapide, les jambes commencent a bruler mais le gros ravito de Doussard au 44 km n'est pas loin. Je prend de l'avance sur Mike qui semble embêter dans les descentes techniques par son dos. Je sais qu'il me rattrapera sur les 3 à 4 km de plat avant le ravito.

Je retrouve Guena et Mag en haut du col de la Forclaz qui agissent comme un" coup de fouet ", puis me dirige vers la deuxième partie de l'ascension vers le pas de l'Aulp et la Roc Lancrenaz. Passage de haute montagne entre le trail, l'escalade et là les bâtons étaient déjà mes potes mais ils deviennent carrément des frères (Oui Mike tu avais raisons, je l'ai pris qu'au 25 km et j'ai eu tort... ) .   Là-haut, j'ai trouvé la paix avec la nature euuuh en fait les vaches, je vide mon sac sur l'herbe verte pour redistribuer mon alimentation( erreur, rappeler vous a Doussard ce que j'ai mis dans mon sac) et je plonge dans cette descente de 11km qui m'a fait souffrir en 2014. Comme dit Gaëtan, on dirait une piste de ski, elle est splendide mais très compliquée par son instabilité et ses pentes. Je m'arrête a certaines cascades pour refroidir les plaquettes de freins. 

Menton (70 km et 4200 de D+): Emotion (lieu d'abandon en 2014, je fais un état des lieux du bonhomme, je suis plutôt bien; le chrono, ça va même si je me rend compte que cela va être juste. Je dose alors le temps nécessaire de repos tout en me mettant pas trop en retard. il est 19h, je cherche mon maillot pour remettre une petite couche en prévision d'un rafraichissement nocturne. Et la, le drame , je me rend compte que le maillot des gobions est resté au Roc Lancrenaz . Drame ou fait de course, peut être simplement l'envie de laisser une trace d'un passage de Gobion aux championnats du monde de trail...j'en appel au don pour le remplacer, veuillez contacter le bureau de la course à pied de l'AS Romillé......

Direction le Mont Baron (15 derniers km avec 1000D+):

Facile sur le papier, Super Magwoman l'a fait en 2h10 ( a ce moment je connaissais le temps de Mag par Guena) mais mika tu as déjà 70 km dans les jambes et en fait même sans les 70km, c'est du costaud. C'est pour vous dire que nous avions une grande Mag avec nous, car pourcentages par endroit (30 à 40 %) impressionnants avec passages en escalade. Je regarde autour de moi et à cette instant de course, je me trouve plus frais que les collègues , je suis dans un groupe d'une dizaine de coureurs . L'allure ne m'allant pas avec leur stress communicatif sur les barrières horaires, je décide de les déposer, eh oui faut bien se la raconter un peu. Mon rythme est bon et il ne faut surtout pas s'arrêter. Au bout en ligne de mire, je vois un drapeau coréen flottant, ca y est Mika, tu n'es pas mort, le drapeau Breton sur mon sac frétille; j'ai le plaisir de les doubler et me relance dans les championnats du monde. Bon Ok, c'était les derniers du championnat du monde (course partant 1h30 avant nous) mais bon, la lucidité se perd après 17 h de course. La nuit est tombée ma Petzl se réveille sur ses dernières pentes en s'harmonisant à merveille sur la crête avec toutes les lumières d'Annecy....joie, beauté, fatigue, nature que c'est bon le sport. Autour de moi les autres athlètes (eh oui à ce niveaux et surtout avec ce temps de course on a le droit de se nommer comme on veut, mince alors) s'arrêtent sur chaque difficulté mais ma stratégie un peu entaché par des déboires digestifs est de foncer sans trop m'arrêter (au moins 30 à 40 min de perdue). Mont Baron passé, je glisse dans la descente au début très technique et d'autant plus avec la fatigue et la nuit (22h30 et 17h30 de course), je fais les derniers lacets vue sur Annecy. A la fin de cette dernière descente, Mike m'attend pour finir ce dernier km avec moi, je suis trop heureux de pouvoir partager ce moment avec lui ( j'étais tellement heureux que j'étais à 2 doigts de le serrer dans mes bras), en fait il ne m'a pas jamais vraiment quitté sur la deuxième partie de course.  L'arrivée est  grandiose ou toute ma famille d'un week-end avait lâchée leurs bières au camping pour venir partager ça avec moi....Maintenant une nouvelle course commence, arriver au camping avant qu'il ne reste plus rien à boire. N'empêche, on l'a bouffé cette montagne.

Lendemain, récupération, bronzette et cryothérapie dans la piscine après avoir passé une belle matinée au marché. J'ai bien pensé faire une dernière ascension de récup mais déjà me lever ou sortir de la voiture était mon Everest, donc la piscine me semblait une bonne chose.

Merci à Guena, merci à Magalinette, merci à Gaëtan et merci à Mike pour avoir été simplement vous...des belles personnes.

Mika C