LES TEMPLIERS 73KM 3400M D+ 27 OCTOBRE 2013

 

1. L’avant course

 

Pourquoi cette course, pourquoi cette envie folle, pourquoi cette attirance pour ce trail ?

 

Voilà 2-3 ans que je me suis lancé dans le trail, avec une envie de trouver de nouvelles sensations et retrouver le plaisir de pratiquer le sport (le foot est ma grande passion mais je n’y trouve plus mon compte en tant que joueur malheureusement).

 

Fin octobre 2011, je suis le live de la grande course des Templiers, David Pasquio et Arnaud Pouliquen sont de la partie, résultat 10ème et 26ème pour les compagnons de Quéven Athlétisme.

 

Fin octobre 2012, je suis dans mon lit devant mon ordinateur en train d’actualiser sans cesse une page internet = le suivi live de la grande course des Templiers !!! Mon frère et ma belle-sœur y participent. Le stress me gagne devant l’écran. Elise termine 10ème femme !!! Laurent quant à lui est contraint à l’abandon (blessures chevilles). Je suis vraiment triste pour lui, peut-être plus que lui-même !!!

 

Une semaine plus tard, ma décision est prise (après avoir vérifié les dates des vacances scolaires !), je participerai à cette course mythique et j’irai au bout chercher cette médaille.

 

La préparation

 

11 aout 2013, je termine 49ème du trail de l’Ubaye à Barcelonnette (42km 2600m d+). Entre satisfaction et déception car c’est ma première véritable course de montagne mais je suis persuadé de pouvoir faire mieux ! Il me reste 2 mois et demi avant les Templiers, on va planifier tout çà.

 

Je suis à l’écoute des gars d’expérience (Gilles Diehl, David Pasquio, Fred Laureau, mon frère bien sûr et beaucoup d’autres)

 

J’augmente la charge de travail, j’allonge la durée, les distances, je me sens bien, les séances passent bien et je ne ressens pas de fatigue ! J’alterne travail de course à pied (travail de côtes, sorties longues, travail de vitesse), sorties vélo et renforcement musculaire. Résultat 315km de course à pied en septembre et 375km en octobre avec quelques moment forts comme la sortie Pont St Maurice-Doêlan- Pont St Maurice, le tour de l’ile de Groix avec Nico ou encore le tour du lac de Guerlédan seul sous l’orage !!! Aucun dossard d’accroché jusqu’au trail (course nature plutôt) de Landévant juste pour faire une « compèt » avant le départ. Les cannes sont légères et je me surprends à remporter cette course (23km) à 15km/h de moyenne. La confiance est là et je suis focalisé sur les Templiers.

 

Cette période était bénéfique mais également dure à supporter car je me suis sentis changé, un peu plus proche de mon objectif, un peu moins de mes proches, mon comportement est par moment devenu « égoïste » car je ne voyais et ne pensais plus qu’à ça !!! Cette partie je la regrette car ce n’est pas ce que je recherche dans cette pratique au contraire. Il est grand temps que cette course arrive pour que tous ces sacrifices portent leurs fruits et que je retrouve mon attitude habituel, c’est fou comment notre pratique peut devenir addictive !!!

 

En route vers Millau

 

Jeudi soir, Mickael m’ouvre les portes de chez lui. J’ai répondu à son annonce via yanoo comme quoi sa bande de Gobions recherchaient une personne pour partager leur périple. Après avoir récupérer (tant bien que mal)le fourgon et fait la connaissance de Fabienne, nous partons faire un léger footing avec les membres de l’asso, très agréable et cela me permet de ne pas trop cogiter. Le soir nous nous retrouvons avec Guénaelle chez Martial pour déguster de délicieuses crêpes et apprendre à nous connaitre également.

 

Le lendemain, c’est le départ, l’appréhension me gagne, comment vais-je me sentir avec toute cette bande que je ne connais pas et comment vont –ils m’intégrer à eux ? Très vite ma crainte vole en éclat, l’ambiance est vraiment cool et je me surprends à prendre régulièrement la parole pour parler de tout et de rien. Partie de franches rigolades, petites pauses, les km défilent, j’en profite pour leur donner une leçon de blind test !!! La nuit pointe son nez et nous voilà sur le site de la course, nous retirons nos dossards et rentrons au gite. Très bien installés nous finissons cette journée par un super repas (merci chef Gaelle) et quelques pauses photo made in Bretagne !!!

 

Samedi : C’est le jour de Fabienne et Ronan

 

Samedi matin, petit footing avec Mme Popote et potins avec quelques rayures aux mollets mais surtout en tête ce passage dans le village de Compeyre et ses ruelles typiques, un vrai bon moment.

 

C’est le moment de partir et d’aller encourager Ronan et Fabienne sur le Marathon. J’ai l’impression que je fais partie de leur asso ou eux de mon club tellement je suis impatient de les voir courir et heureux de les encourager. Nous les retrouvons plus tard heureux, satisfaits d’avoir terminé et vaincu les Causses. Ils sont tout beaux avec leur teeshirt jaune et leur belle médaille, j’ai des frissons, les yeux me piquent car dans ma tête je les envie (je le veux ce teeshirt, je la veux cette médaille).

 

Le soir, place aux derniers préparatifs et c’est parti pour une bonne nuit (mouais sauf si un grand Gobbion se trouve avec vous et se met à ronfler hihihihih).

 

 

2. Ma course

 

Surprise 3h00 sonne et je suis bien, détendu et en forme ! Petit déj et c’est parti. Pffffff je sors du fourgon et là oufff, il fait chaud et moite, bon bah le coupe-vent direct dans le sac !!! En route vers le site de départ, je me referme sur moi-même, mon corps est là mais ma tête est ailleurs, j’ai peur, je tremble, plus tranquille le JéJé !!!

 

A mon regret je ne prends même pas le temps de souhaiter une bonne course à Fab, Loïc et Mike, je presse le pas pour rejoindre le sas élite. Me voici sur la ligne de départ tout comme plus de 2500 traileurs. J’y suis, c’est le moment tant attendu je regarde autour de moi, le gratin du trail français s’est placé sur les 3-4 premières lignes, juste devant moi Christophe Malardé, un petit clin d’œil et je tremble de nouveau, à droite Didier venu en spectateur après sa belle perf c=sur l’ultra, il m’encourage et d’un coup mes poils se dressent deux notes suffisent pour définitivement me rendre compte d’où je suis : AMENO , on y est, merde JéJé reprends toi c’est après la course qu’on chiale, les yeux me piquent je frissonne, le décompte commence et le départ est donné vas-y JéJé appuie sur les cannes maintenant !!!

 

Le départ est rapide, très roulant sur cette partie de route je remonte quelques places avant de me caler dans un petit groupe, c’est dingue le monde dehors à cette heure-ci (5h15). Première montée et je décide d’y aller mollo vraiment tranquillou la course va être longue et je ne sais pas où je vais. Au milieu de cette ascension, une fusée au profil familier me passe, c’est Chistophe Arzur qui va faire une course énorme et finira en 18ème position, respect ! On monte puis le plat et la foulée s’agrandie, la vitesse est là mais pas super plaisant cette portion ! Premier ravito, les 2 drôles de dames m’encouragent et m’indique que Ronan m’attend avec mon sac, changement express et j’en oublie de lui laisser ma frontale !! C’est qui le rigolo qui va courir avec sur le front toute la course ? C’est bibi !!! Je ne m’attarde pas pour me ravitailler et c’est reparti. Les jambes sont bien, la tête aussi, c’est cool. Second ravito express, et on repart, le paysage change et vivement qu’on retrouve autre chose que ces longs et larges chemins forestiers ! La machine est en route, je me sens vraiment bien, beaucoup de choses me traverse l’esprit, je pense énormément à ma chérie, je repense aux conseils de certains du club, je pense à mon frère et sa perf d’Hawaï, je me demande où en sont mes nouveaux amis de Romillé, j’espère que tout va bien car je n’aurai aucunes news avant mon arrivée !!!

 

J’en prends plein les mirettes, je prends un pied à courir !!! La Roque Sainte Margueritte km41, je prends une claque énorme. On m’annonce 73ème j’en reviens pas ! Il y a du monde partout dans ce village qui m’encourage. Passage sur un pont, c’est de la folie, j’entends mon nom (il est inscrit sur le dossard !) mais aussi un « allé Quéven » qui me donne une patate de fou !!! Je suis bien et je ne m’arrête pas pour prendre des photos pourtant le décor le mérite !!! On arrive au 3ème ravito tout va bien, je remplis mon sac, ma petite flasque et je décide de prendre le temps de manger un peu, on me prévient que le prochain ravito est loin et que la portion qui arrive est dure. OK t’inquiète l’ami !!! Les km passent moins vite, je double on me double, je bois, je mange, je bois il commence à faire bien chaud !!! On arrive à Massebiau, je suis bien le moral est bon. Je retrouve David Raison d’Endurance Shop Rennes qui m’accompagne un peu on discute et il me donne des conseils pour la montée vers la ferme du Cade, au pied un ravito de fortune en eau, un verre et hop on y va. « Vas-y tranquillement », oui je crois bien que je ne pourrai pas y aller autrement !!! On grimpe sévère et d’entrée de jeu je veux me ravitailler, merde c’est quoi ce bordel je suis à sec dans mon sac !!! Il me reste plus qu’une petite partie de ma gourde, aïe aïe aïe !!! C’est dur, très dur, je commence à m’agacer d’être à sec et en plus on m’indique un coup 1,8km puis 2,5km du ravito !!! Souffle un bon coup et calme toi, tu ne vas pas craquer maintenant, les yeux commencent à repiquer, la souffrance alliée à la perte de confiance me font douter. Je demande de l’eau aux secours « désolé on n’a pas le droit courage c’est plus très loin ». Je suis dans le dur, il avait bien raison ce monsieur du ravito 3 !!! Enfin la forêt mais ça monte encore ? Et puis c’est le soulagement, j’ai jamais été aussi ravi d’arrivé dans une ferme !!! Et là je trouve une foule posée devant à m’encourager, le sourire revient surtout quand je pénètre dans cette vieille bâtisse et contemple le festin proposé, il y a de tout (salé sucré chaud froid) hmmm, je bois du coca, je mange une tartine de fromage et je commence en travail d’intermittent en montée-descente d’escalier (en bas le coca, en haut les tartines) 5 répétitions au moins !!! Je récupère, je me ravitaille (je me gave en fait !!!) mais bon le temps passe. Je prends le temps quand même d’enfiler le maillot du club. Je suis resté longtemps, très longtemps, trop longtemps surement mais il fait du bien ce ravito !!! Allé JéJé c’est reparti, il reste 2 descentes et une montée !!! Dans la dernière montée, je retrouve David venu à ma rencontre et je pense qu’il a dû voir un autre Jérôme à ce moment, il m’encourage et m’ouvre la voie vers l’antenne puis la grotte du Hiboux (magnifique passage). Enfin on entame la descente finale, je prends un peu plus mon temps, pas envie de chuter, je veux profiter de ces derniers instants magiques, les larmes viennent je prends sur moi pour me calmer et respirer ! 300m David prend ma GoPro et filme mes derniers instants, je sors le Gwen Ha DU, il flotte sous les applaudissements des spectateurs. Fabienne et Gaelle me reconnaissent à peine (désolé je n’avais pas prévenu du changement de tenue !!!) Je rigole en les entendant dire à mon passage devant elles « un Breton, allé la Bretagne… mais c’est Jérôme, allé Jérôme » excellent, une deux trois quatre tape s dans les mains tendus des enfants sur le côté et c’est le moment tant espéré, je passe sous cette arche mythique !!! 71ème et 8h49m20s de bonheur. Je crois rêver, je l’ai vraiment terminé ce trail ou pas ? Je vois Ronan David qui me félicitent et on discute un peu, je suis sur mon petit nuage, un Breton vient me féliciter et me tend une boisson de récup, on ne se connait pas mais il vivait à quelques km de chez moi il y a quelques année, le monde est petit !!! Je prends un moment pour moi puis j’ai besoin de m’assoir, je craque, un vrai gosse, emmitoufler dans mon étendard c’est toute ma joie qui s’écoule de mes yeux, impossible de me calmer. Après quelques instants je me relève et c’est le moment d’aller au ravito final mais avant çà un petit bambin me remet la médaille de finisher, quelques instants plus tard je récupère mon teeshirt, ça y est je les ai, je regarde autour de moi, je contemple le au loin le viaduc qui s’élève, la foule qui s’amasse sur le site d’arrivée. Je suis fier de moi, je suis satisfait de ma course, aucune douleurs, aucune chute, un moment de doute et de craquage mais je pense après l’Ardéchois, le course la mieux maitrisée et finalisée !!!

 

Les arrivées vont commencer à défiler, Fab sera le premiers des Gobions à franchir la ligne suivi de Mike et de Loïc. C’est avec une grande joie que je les retrouve un à un à l’arrivée, content de les voir accomplir leur croisade. Soulagé je dois le dire de voir Loïc après ce qu’on a pu me dire de sa course ! Bravo à vous tous !!!

 

 

3. L’après course

 

Chacun ayant récupéré son teeshirt et sa médaille et s’étant ravitaillé copieusement (je parle surtout pour moi et les 2 drôles de dames !!!) , il est temps de retrouver notre gite mais avant çà nous décidons de tenter de récupérer le repas offert aux coureurs pour le ramener avec nous. Mission accomplie, salade, soupe et aligot en route pour notre petit chez nous pour festoyer !!!

 

On est heureux, on passe une bonne soirée, malgré la fatigue, la bonne fatigue, une bière, un bon repas (du lourd du gras du « fat » !) on peut enfin ouvrir la boite des cookies !!!

 

Je suis ravi que ça plaise et aussi en silence je repense à ces derniers jours, je me dis c’est bien JéJé tu peux être fier de toi car tu as fait une belle course et sans bobo si ce n’est ce petit soucis interjambial gauche 5mais pour çà MERCI Mike pour ta crème magique !!!). Mais c’est surtout fier de moi car je me dis que je me suis « intégré » à ce groupe d’amis, je suis devenu le 7ème doigt de leur main bizarre à ces Gobions !!! Tu vois ils ne t’ont pas mangé !!! JéJé tu peux être fier car je pense que tu viens de te faire 6 nouveaux amis (et pas que sur facebook !).

 

Il est temps de dormir et de rêver à la prochaine édition….

 

Lundi matin, il est temps de prendre la route, après avoir fait un petit déj’ light (et mince il reste de l’aligot, bon bah on va pas gâcher !!!).

 

Sur la route l’ambiance est toujours aussi bonne, ça chambre, ça rigole, mais très vite on part dans nos pensées et nos rêves. Mince on arrive, il faut se séparer d’un doigt, puis d’un deuxième puis c’est la main qui se disloque. Il est l’heure de quitter Romillé et mes nouveaux amis.

 

Je dois l’avouer je n’imaginais pas vivre un séjour aussi agréable et forts en émotions. Des gens super sympas, soudés et vraiment accueillants.

 

Je vous remercie sincèrement du fond du cœur pour ces moments magiques partagés. Toutes ces histoires écrites ensemble, les fous rires les repas grandioses du Chef Popotte, le caleçon s(u)perman, les différentes propositions de Fabienne (hihihihihihi) les ronflements de Fab sans oublier ses démarrages au volant du fourgon, la sagesse de maitre Ronan, le téléphone de Mike, Loïc et sa rock’n’roll attitude. Tous ces moments vont rester graver en moi pour toujours et j’espère vous revoir très vite amis Gobions !!!

 

Pourtant une chose me manque, enfin un sentiment, une envie. Toute cette aventure a été exceptionnelle pour moi, j’aurai aimé la partagé égalementavec ma chérie qui a fait tant de sacrifices et subie mes humeurs tout au long de ma prépa ! Avec les gars de Quéven Athlé comme à Belle-Ile ou en Ardêche, mais aussi avec mon frère (mais ça ce n’est que partie remise !!!)