Trail Glazig : le défi c'est lire le compte-rendu

 

 

 

 

Un compte-rendu rapide pendant que c’est encore frais dans ma tête…et dans mes muscles

Le défi du Glazig, qu’est-ce que c’était ? Dans le cadre du Ouest Trail Tour, c’est la 4ème épreuve, et comme chaque épreuve, elle a sa particularité : 2 courses au lieu d’1, un 18 km (500m D+) nocturne le samedi soir pour se mettre en jambe, et un 42 km (1300m D+) le lendemain matin pour s’achever. Soit 60 km a faire dans des conditions de trail assez difficile, la description disait que le 18 km allait laisser des traces et le 42 km était pour les costauds.

 

D’un point de vue entrainement, je ne m’étale pas : une préparation concoctée par Hervé avec comme particularité d’enchainer 2 entrainements le samedi et le dimanche, pour préparer l’enchainement des courses. Rien de particulier en fait. La difficulté du Ouest Trail Tour, c’est que les épreuves s’enchainent avec 2 mois pour récupérer entre chaque : peu ou pas de temps pour faire une vraie préparation pour chaque course, pour moi il s’agit surtout de récupérer à chaque fois, en essayant quand même de me préparer pour la particularité de la course. Donc dans les faits j’ai de l’endurance maintenant, mais plus beaucoup de vitesse. On reverra ça plus tard, quand l’OTT sera terminé.

 

Pour la logistique, le glazig est une organisation plaquée or : hébergement avec petit déjeuner, pasta party sur place. Rien à s’occuper, ça permet de se concentrer sur l’essentiel, c'est-à-dire les courses.

Le gros de la Green Gobion Team (Fred, Laurent, Arnaud et moi) quitte Romillé à 15h30, c’est tôt pour une course à 19h00, mais il faut qu’on récupère la chambre, qu’on se mette en tenue, … Fabrice part plus tard dans son camping-car, pas de problème d’hébergement pour lui.

 

Arrivée à Plourhan, la récupération des dossards et autres bons de repas se fait vite. On est tôt et pas si nombreux que ça pour la course de 19h00 (qui part à 19h10). Ensuite c’est visite des environs pour aller à la chambre qui est située à 5 km de Plourhan. On est logé dans un centre de vacances pour les enfants de la police : pas intérêt à faire les idiots ! La chambre est petite…mais avec 4 lits, dont 1 en hauteur. Personne ne voulant se dévouer, c’est le tirage au sort pour le lit en hauteur : c’est Fred qui perd, ça commence mal pour lui. Chacun enfile sa tenue : la grande question du soir est de savoir combien de couches de vêtements on met, est-ce qu’il va faire froid, est-ce qu’il va pleuvoir, … ? Chacun à sa stratégie, mais c’est bonnet et gants pour tout le monde.

Noz Trail

 

On repart pour le lieu de départ, il nous reste 30mn avant le départ. Il fait froid (2 degrés) et il pleut. Ca ne va pas rigoler. La voiture est garée dans le champ qui sert de parking, le sol est gras. On croise les coureurs du Noz Trail 8km qui viennent de partir. Le train est tranquille. Nous on va attendre le départ au chaud dans la salle des fêtes. Les sourires sont un peu crispés sur la photo, chacun se concentre pour ce qui nous attend : on sait que ce soir n’est qu’une formalité, même si c’est quand même 18km, mais qu’il ne faut pas s’entamer pour le lendemain. Quelle est la bonne stratégie à adopter ?

19h05, on est sur la ligne de départ. L’échauffement a consisté à marcher jusqu’à la ligne de départ. Pour la tenue, finalement chacun garde sur le dos tout ce qu’il a emmené. Moi j’ai 3 couches : tee-shirt thermique et compressif, veste légère et coupe-vent. Il y a beaucoup de monde, l’organisation annonce 700 coureurs.

 

19h10, le départ est donné après un petit discours qui ne nous a pas réchauffés. Tout de suite il apparait qu’il y a trop de monde, on se marche dessus les uns les autres. Très vite ça se resserre et il faut jouer des coudes pour pouvoir passer. A mon avis il y a trop de coureurs au départ pour ce genre de course. On fait une 1ère boucle dans Plourhan sous les acclamations de la foule, et puis on part dans les chemins. Retour dans…on ne sait pas, on verra.

(C'est moi sur la photo, à droite, avec le dossard 94).

 

Il pleut, il fait froid, un peu de vent, les chemins sont très gras, on ne voit rien, il y a du monde partout…on se croirait au départ du Menestrail de Moncontour. Ca gamberge dur : comment faut-il faire ? Est-ce que j’accélère pour me dégager de la foule, ou est-ce que au contraire je reste dedans, comme ça je n’accélère pas et je me préserve. J’opte pour la 2ème option, même si nerveusement c’est dur de rester dans la foule.

 

25mn de course, le bouchon. Après 4,5 km de chemins larges, ça se resserre, on va courir dans un monotrace. On reste bloqué presque 5mn à attendre que chacun prenne sa place dans la file. C’est peut-être un bien, ça oblige à descendre le rythme, mais c’est un peu énervant. Ensuite c’est de la forêt en file indienne. J’irais bien plus vite, mais on court au rythme du plus lent.

 

7km de course, le passage de la rivière. De l’avis de la Green Gobion Team, ce passage ne sert à rien. Il y a un pont pour passer par-dessus la rivière, et on nous fait passer dessous. Au moins 50m dans une eau glacée et dans un passage étroit. Beaucoup de spectateurs à cet endroit, un peu comme pour regarder les gladiateurs dans l’arêne. C’est froid, et même très froid (de l’eau jusqu’au chevilles). En sortant de la rivière j’ai les pieds engourdis, l’impression de courir dans des chaussures avec une semelle en bois. Ca dure 500m.

 

Descente sur la plage pour 2/3 km de course sur la plage. Enfin il y a moins de monde. On entend la mer qui doit être en train de remonter, elle est à 10 ou 15m. Je me retourne au milieu de la plage pour profiter du spectacle : des dizaines (centaines ?) de lumières derrière moi qui tracent le chemin sur la plage et dans le sentier de douaniers qu’on vient de quitter. Enfin je me sens bien, on aborde bientôt la mi-course et tout va bien.

 

Mais ça ne dure pas. Je rattrape le troupeau au pied de la falaise qu’il faut gravir pour quitter la plage. Il me faut 5mn d’attente pour franchir cet obstacle. Le coureur de trail n’est pas toujours patient, ça joue des coudes pour gagner quelques places, je me fais même marcher sur les doigts. Mais pas question de prendre un risque, c’est glissant et casse-gueule, il faut prendre son mal en patience. Une fois l’obstacle passé, il y a une grosse côte qui nous attend pour rejoindre le sentier de douaniers. Tout le monde marche, je cours doucement et je reprends tous ceux qui m’ont passé sur la falaise, et même plus. La mi-course est passée, c’est le retour.

 

Le retour est plus flou. Je passe un ravitaillement ou je ne m’arrête pas, et je me retrouve tout seul. Un peu d’inquiétude, est-ce que je suis toujours sur le bon parcours. Il me faut 500m avant de redescendre vers une plage et de retrouver des spectateurs et surtout des coureurs. Je continue à maintenir un train qui doit se situer entre 9 et 11km/h quand je cours, et j’essaie de courir le plus souvent possible : je suis trempé, j’ai froid, je suis pressé de rentrer.

 

On repasse la rivière, dans l’autre sens cette fois. L’eau est montée, elle arrive maintenant à mi-mollet, et elle est très boueuse : c’est une confirmation, il pleut ! Pas question de courir ces 50m. Toujours autant de spectateurs, toujours aussi désagréable ce passage. Un coureur qui essayait de me doubler avant de passer le pont se vautre dans le virage : c’est vraiment gras.

 

Il reste à peu près 3 km, c'est-à-dire presque plus rien. Je me retourne, il y a une vingtaine de coureurs aussi loin que je peux voir. Je ne sais pas dire si ils vont plus ou moins vite que moi. J’accélère un peu pour rentrer plus vite. Plourhan est maintenant en vue, on finit le long du terrain de foot. Un sprint pour finir plus vite, j’avale 2 ou 3 coureurs sur lesquels je revenais depuis longtemps, c’était donc logique de les doubler. 2h01mn39s : pas terrible à première vue, mais il fallait s’économiser de toute façon. On verra plus tard si c’était efficace ou non.

 

Je décide d’attendre les autres sur la ligne d’arrivée pour prendre des photos , mais il fait trop froid aux mains pour manipuler l’iPhone. J’attends Laurent qui arrive quelques minutes après moi, il est bien. Et Fred qui arrive encore quelques minutes plus tard : lui aussi est bien. Et là on n’en peu plus, il fait trop froid, on va au ravitaillement pour se ramasser un peu. C’est terrible, impossible de se réchauffer, j’ai l’onglée dans les mains. On va finalement attendre Arnaud dans la salle des fêtes qui est chauffée, mais même comme ça c’est dur de se réchauffer. Quand Arnaud arrive, on part vite fait à la voiture pour se réchauffer et rentrer : objectif une douche chaude ! On a un peu vandalisé la voiture de Laurent au passage avec nos chaussures pleines de boue, mais c’était trop dur, il fallait se réchauffer.

 

Le voyage jus qu’au logement est long, on arrive vers 9h45. On déboule finalement dans la chambre avec une seule idée en tête : la douche et se changer. Bien qu’on ait enlevé nos chaussures devant la porte, on cochonne allègrement la chambre avec la boue, mais on réfléchira plus tard. Mes colocataires ayant refusé ma proposition de prendre les douches dans l’ordre d’arrivée au Noz, généreux et magnanime, je passe le dernier. Ce qui n’est pas sans avantages, puisque je peux rester un peu plus longtemps, personne n’attend plus derrière moi. Dans le même temps, tout ce qui ressemble à de la nourriture (boisson de récup, barres de céréales, …) est englouti sans pitié, il nous tarde d’arriver à la Pasta Party.

 

Pasta Party

 

22h30, on arrive lavé, réchauffé et affamé. Fabrice nous a attendu (enfin presque, la boite de pâté a pris une claque). Le menu du soir : pain-pâté, pates-bolognaise-gruyère, Kouign aman. Du sucre lent, du sucre rapide et du gras. Le tout arrosé d’un peu de vin rouge qui trainait dans une bouteille laissée négligemment sur la table (on ne risque quand même pas de s’enivrer avec ce qu’on nous a laissé). On a beau faire durer le pâté avec un maximum de pain, la nourriture ne résiste pas longtemps : c’est clair on est meilleurs mangeurs que trailers. La 2ème étape du défi est accomplie : manger les pates trop cuites et pas salées. Un café par-dessus et on est prêt à aller se coucher.

 

23h30, retour vers nos pénates. Comme les scouts, on se couche aussitôt : même pas envie de se boire une petite bière avant. Je pense que chacun gamberge déjà pour ce qui l’attend le lendemain, avec une grosse inquiétude par rapport à la météo : courir 42km sous une pluie glacial, ça fait peur !

 

23h45, extinction des feux, le réveil est mis à 6h30 à l’unanimité, ou presque.

 

 

Trail 42 km

 

6h30, le réveil sonne, et Laurent est déjà debout, il a pris sa douche. C’est bien le seul, le reste de la chambrée a du mal à émerger. La première étape du jour c’est le petit déjeuner, sur place. Arnaud et moi, on est des vrais runners prévoyants, on a pris nos gato sport : le mien est fait maison, une recette qu’on m’a passée et que j’essaie en grandeur nature sur le Glazig. Le Gatosport Overstim est vraiment immangeable au petit matin, il fallait trouver autre chose. Petit déjeuner très bien organisé, avec tout ce qu’il faut.

7h30, retour à la chambre pour la mise en tenue. Toujours le même dilemme, comment on s’habille ? Pas de pluie prévue et froid modéré, donc c’est plus facile. 2 couches pour moi : tee-shirt compressif et thermique et couche intermédiaire Salomon pour avoir chaud, le tee-shirt de l’AS par-dessus pour être reconnu.

 

7h50, on décolle, même pas stressé, même pas pressé, direction Plourhan à nouveau. On arrive pas vraiment longtemps à l’avance, de toute façon l’échauffement comme la veille consistera à aller de la salle des fêtes à la ligne de départ, en marchant, pour ne pas risquer le claquage. En attendant au chaud dans la salle, on prend une petite photo. Les mauvaises prétendront par la suite qu’on avait abusé du vin la veille, mais vous savez maintenant que c’est faux, c’est de la concentration ! Alain nous a rejoint, il a réussi à braver la neige avec son groupe de filles pour participer au 24 km.

8h20, on va rejoindre la ligne de départ. Il fait jour, pas besoin de lampe frontale. Il est difficile de dire qui a fait le Noz la veille, et qui est frais. La tactique de course ? Partir doucement bien sur et finir le plus vite possible. Toujours la même chose. L’inconnue est de savoir quelles seront les conséquences de la course de la veille : est-ce qu’on a été trop vite ou pas ? Pour moi, je ne sens pas trop les traces au niveau musculaire. Pour le reste (fatigue et réserves énergétiques), on verra pendant la course. Muriel et Véro sont sur le côté pour nous voir partir.

 

8h30, c’est le départ. On part dans le sens inverse par rapport à la veille et surtout dans le sens inverse par rapport à l’année dernière. On a beau dire que l’ambiance sur les trails est meilleure, les traileurs étant des gens plus fair play que les routards, ça n’empêche pas de jouer des coudes au départ pour trouver sa place. On est quand même 600 et on sait que au bout d’un moment ça va se rétrécir, donc le jeu est d’essayer de se placer un peu, sans partir comme une balle, on part quand même pour 42 km.

Premier rétrécissement. On a beau l’attendre, c’est toujours pénible. On a beau partir pour des heures de course on a aussi du mal à patienter quelques minutes pour passer un passage étroit. Je la joue très fair play, je n’essaie pas de passer devant personne, j’attends mon tour. Laurent et Fred n’ont pas cette délicatesse, ils ont choisi l’extérieur droite et arrivent à gratter un nombre de coureurs assez important, dont moi. Quand je m’extrais du passage étroit, ils ont au moins 300m d’avance. Ca n’est rien, mais à la vitesse à laquelle on va, il me faut un petit moment pour les rejoindre. C’est d’abord Fred que je double, à son grand étonnement, il me croyait loin devant. C’est la dernière fois que je le vois avant l’arrivée. Ensuite c’est Laurent, il me faut un peu plus de temps. Mais avec Laurent, on va maintenant avoir du mal à se quitter, on va rester un bon moment en vue l’un de l’autre, parfois moi devant, mais le plus souvent c’est lui. On rejoint Binic par les terres, c’est exactement le parcours de l’année dernière, à l’envers. Y compris le passage où on va sur les hauteurs de Binic (ça grimpe dur, on marche) pour redescendre sur le port et entamer la partie que je ne connais pas, en direction de Pordic et de la pointe de Pordic. On est au km 12, ça fait 1h15 qu’on court maintenant. Le rythme est pris, on sait à peu près ce qui nous attend : il fait 6/7 degrés, il y a du soleil, pas de pluie, un vent de nord assez fort qui nous prendra de face sur le retour.

 

Après avoir traversé une plage, la première d’une longue série, on part à l’assaut d’une espèce de falaise en bord de mer, qu’on va faire dans les 2 sens, aller et retour. C’est là que mon genou gauche commence à me chercher. Je m’étais fait mal au genou 1 semaine avant, ce qui m’avait obligé à ne pas courir pendant la semaine qui précédait le trail. Mais la douleur avait disparu, je n’avais rien senti le samedi soir. Mais je craignais un peu de la voir réapparaitre. Au 12ème km, c’est fait, même si la douleur s’est légèrement déplacée, elle est passée du côté du genou au devant. Je continue pour voir comment la douleur évolue. Ca me gêne surtout dans les descentes, pas du tout sur le plat et pas trop dans les côtes. On est parti pour quelques km de chemins de douaniers où on alterne des montées et des descentes. Je suis obligé de contrôler chaque descente, je ne peux pas me laisser aller, et donc Laurent me prend inexorablement des mètres dans chaque descente (100m pour une descente de 300m). La douleur ne passant pas, je commence à m’habituer à l’idée d’abandonner quand on va revenir à Binic, normalement au km 20. Ca me laisse un peu de plaisir de courir, même avec la douleur. Cette partie est superbe ! Les sentiers de douanier avec la mer à gauche. La crête qui se profile au loin, avec la file de coureurs qui la gravit…lentement. Ca ressemble à un paysage de montagne, en plus court quand même.

Cette crête se fait facilement, on ne peut que marcher (escalader à certains endroits). J’en profite pour manger une barre de céréales (il faut être un peu tactique, les céréales c’est difficile à manger en courant). Dès le haut de la crête je repars en courant, jusqu’à descendre sur une plage : sable puis galet puis rocher glissant avant monter une rampe étroite et abrupte. On a atteint l’extrémité sud de la balade, c’est un peu comme si on entamait le retour (même si on n’a que 17 km au compteur pour l’instant).

On part pour au moins 20 km vers le nord, le plus souvent en suivant la côte, mais avec le vent de nord en face. Quels sont les points qui m’ont le plus marqués ?

 

  • La longue traversée de la plage pour revenir au port de Binic. A marée basse mais les pieds dans l’eau avec le vent de face, et le port de Binic au loin. Pas loin d’être une galère, il fallait avoir un bon moral à cet endroit. Mon moral a justement remonté, je ne sens plus la douleur dans le genou. On arrive dans le port, c’est le 22ème km.
  • Quelques km de sentier de douaniers à nouveau, pour dépasser la Pointe de Trouquetet et arriver à la longue plage qu’on a courue dans le sens inverse la veille. On quitte la plage en prenant une bonne volée d’escaliers.
  • Les successions de plages, de rochers, de sentiers de douaniers, avec la mer toujours à droite, mer agitée à cause du vent, belle couleur à cause du soleil.
  • L’arrivée dans le port de Saint-Quay-Portrieux, au détour d’un rocher. A un moment on est perdu le long de la côte, l’instant d’après on arrive au port, c’est le 2ème ravitaillement. Ca fait 28 km que je cours, et environ 3h10mn. Les derniers 10km ont été plus lents (6mn58/km). Le terrain n’était pas très favorable avec tous ces rochers glissants à franchir. Ce trail m’aura appris qu’il vaut mieux mettre franchement un pied dans une mare d’eau que prendre le risque de glisser et se faire mal. 

Je repars du ravitaillemnt, un petit bout de route avant de traverser le port à marée basse, au milieu des bateaux échoués. La vase ne facilite pas cette traversée .

  • Saint-Quay-Portieux c’est aussi l’Ile de la Comtesse : cette année on a la « chance » de pouvoir y aller. Une petite île avec un vieux château en ruine dessus. Il faut faire de l’escalade pour y accéder, pas facile après 30km de course. J’ai à nouveau l’impression de me retrouver en montagne. Une fois arrivé au sommet, le vent est très présent. On a une vue sur la suite : descendre sur la plage et remonter une volée d’escalier pour repartir sur le sentier de douaniers. Ca parait sans fin cette affaire. On est au 31ème km, il ne reste plus normalement que 11km, la barre des 10 est en vue. Qu’est-ce que c’est 10km ?

L'attraction suivante c'est la Pointe de L'Isnain, toujours à Saint-Quay-Portrieux : un passage dans une expèce de grotte, entre 2 plages. C'est pittoresque, et il faut se mouiller les pieds, jusqu'aux genoux.



La suite c’est du sentier de douaniers, interminable. Je vois au loin les coureurs sur le sentier. La question est de savoir quand est-ce qu’on va le quitter ce sentier pour obliquer vers l’intérieur des terres, le retour vers Plourhan. Ce point n’est toujours pas visible. Je commence à voir un point vert devant moi : c’est Laurent sur qui je commence à revenir, malgré mon allure qui ne me parait pas très rapide. Mais suffisamment rapide en fait pour ne pas me faire doubler (ou très rarement et pour revenir en permanence sur des coureurs isolés ou en groupe.

Je rattrape finalement Laurent à l’endroit où l’on quitte le sentier de douaniers. On a fait 38km, et je pense à ce moment qu’il n’en reste que 4. Laurent est à cours d’eau et un peu en difficultés. Je lui offre quelques gorgées, il m’en reste pas mal dans mon sac. On repart ensuite, sans s’attendre (c'est-à-dire moi devant). Comme toujours à la fin d’une longue course, j’en ai marre et j’ai envie de finir, le plus vite possible, je garde mon rythme, lent mais régulier. Juste derrière il y a 2 surprises qui nous attendent :

  • un ravitaillement, je ne pensais pas qu’il y en aurait un autre, on est si près de l’arrivée, 4 km normalement. 9,5 km depuis le ravitaillement précédent, en 1h07mn, à une allure de 7mn4s/km. De moins en moins vite.
  • La 2ème surprise c’est qu’on est finalement à 7 km de l’arrivée, 3 km de plus que prévu ! Très mauvaise nouvelle, tellement mauvaise que je n’ai pas envie d’y croire, ça me rappelle trop le trail des 3 vallées. Il y a certainement une erreur. L’erreur c’est que le trail faisait plus près de 45 que de 42. 3 km qui font très mal.

Les 7 derniers km sont longs et…sans intérêt, c’est juste qu’il faut maintenant rentrer. Laurent, qui m’a rejoint au ravitaillement, a un sursaut, il repart devant dans la côte. C’est très provisoire, je reviens sur lui très vite, et je le double. Une vraie course de limaces !

 

Les derniers km sont longs. J’essaie de croire qu’il y a eu une erreur et que ça ne fera que 42 km. Mais les 45 km se confirment. Je regarde au loin pour apercevoir le clocher de Plourhan. Mais il met du temps pour apparaître. Je le vois quand j’ai pratiquement le nez dessus. Je me fais doubler dans les dernier 100 m par un concurrent que j’avais doublé dans la boue juste avant, mais je ne peux pas sprinter, et je ne suis pas prêt à le faire pour une place (j’ai quand même jeté un œil pour vérifier que personne d’autre n’arrive). Et c’est l’arrivée. Les derniers 7 km en en 44mn, à une allure de 6mn11s/km, accélération fantastique ! La montre indique 45 km en 5h01mn54s, presque du 9km/h. J’attends Laurent qui normalement n’est pas loin : il arrive 5mn derrière. On est seulement à 5mn l’un de l’autre après plus de 5h de course.

Fred et Arnaud arrivent ensemble un peu plus tard (48 mn en fait). Arnaud a atteint son objectif qu’il n’avait pas avoué : être à moins d’1 heure de moi sur les 2 courses. Il est à 59mn15s.

 

Le contrat est rempli, le défi est bouclé : 154 sur 437 pour le 42 km (enfin plutôt 45), et 88 sur 202 pour l’ensemble du défi. Bien, pas bien ? Bien sans doute pour moi, après une course plutôt difficile à cause du genou. Une belle expérience de course sur un week-end, avec un enchaînement de courses, et une course vécue à plusieurs.

 

L’histoire dira que la douleur au genou était un début de tendinite qui va se concrétiser dans la soirée et le lendemain. Avec plusieurs semaines d’arrêt et une modification en profondeur de la suite du programme pour l’année… Est-ce que le jeu en valait la chandelle ? Je ne sais pas, ce qui est fait est fait.

 

Vincent

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Commentaires: 8
  • #1

    Laurent (lundi, 05 mars 2012 09:12)

    Bravo pour le compte rendu, cela m'a fait revivre cette incroyable course, bon rétablissement à toi.

  • #2

    mike (lundi, 05 mars 2012 10:49)

    Bien, les gars. Il fallait en vouloir pour courir ce jour-là. Bien Vincent. Soigne-toi bien.

  • #3

    HG (lundi, 05 mars 2012)

    1er défi réussi, j'ai tout lu, par contre, déçu car d'habitude, on a la musique! En tous cas, une expérience qui donne envie! Alors, à l'année prochaine! Bon rétablissement

  • #4

    Hervé (lundi, 05 mars 2012 20:59)

    Super compte rendu, ça donne envie.
    Tu l'as fait, le jeu en valait la chandelle. C'est une belle expérience, ça fait parti du jeu et c'est comme ça que l'on progresse.
    Enfin, je crois :-)

  • #5

    Alain (lundi, 05 mars 2012 21:24)

    bon, j'ai lu la 1ere partie hier soir en nocturne, la 2ème ce jour, beau défi, si facile pour moi, tellement fort pour vous! Superbes photos , encore bravo et reviens plus fort encore!

  • #6

    Fred L (mardi, 06 mars 2012 10:05)

    Un compte rendu si précis que je ressentais des douleurs en le lisant. Mais comme le dit Hervé "le jeu en valait la chandelle" et à mon gout, tu as réalisé un temps tout à fait correct, malgré ta blessure.Bon rétablissement! Et bravo à Laurent qui a été impressionnant !!!

  • #7

    Muriel (mercredi, 07 mars 2012 16:02)

    Super compte rendu, et oui le jeux en valait la chandelle. tu oubliera vite la douleur au genou mais pas ce trail!!!
    Et encore bravo a tous beau défi!!!

  • #8

    Arnaud (samedi, 10 mars 2012 19:53)

    Harrrggggg …. Je suis démasqué …Hé oui .. pour moi le glazig faisait partie d’une préparation censée m’amener au top pour le Raid du golfe. Donc pas question de trop tirer sur la mécanique … et mon challenge était donc « pas plus d’une heure derrière Vincent » J’avoue j’ai géré comme un boss (59Mn et 15S …j’ai gardé un peu de marge …). Mais la mécanique s’use ..(l’age ??) et l’entraînement repris pour le marathon du Connemara le 1er avril me fait souffrir du tendon d’Achille droit … comme d’habitude …Snif … Donc un peu de repos … un peu de visite chez le médecin du sport.. et on verra …En tout cas, Vincent tu es le plus fort de tous pour les comptes rendus et les photos …C’est tellement parlant que l’on a l’impression d’y être encore ..Allez c’est promis …pour le raid du golfe ..je fais un effort cette année pour le compte rendu… Merci à tous les coureurs pour ces moments d’efforts et de réconforts (dédicace spéciale Fred …